مقتطفات

Histoire D'Ain Beida

Histoire d'Ain Beida (selon la version de L.Charles Féraud)

La ville d'Aïn Beïda est située à 110 Km au sud-est de Constantine sur
les hauts plateaux des Sebkhas (1000 m d'altitude). Aïn-Beida signifie
en arabe, la source blanche, en raison d'une source abondante qui y
jaillit, donnant par minute plus de 400 litres d' eau d'une excellente
qualité.
A l'origine, des ruines mégalithiques puis les romains y avaient
construit la ville forte de Marcimeni dans laquelle on retrouve les
ruines semées dans la vaste plaine qui relie Aïn Beïda à Khenchela. Le
climat y était rigoureux ; l'été la température pouvait atteindre 40
degrés et plus,. l'hiver, la neige y était souvent abondante,
alimentant les sources certes, mais perturbant aussi les liaisons
routières.
C'est en 1848 puis en 1850 que la ville prend son essor autour de ses
deux bordjs avec l'implantation par les Français d'un établissement
militaire pour surveiller les populations turbulentes de la région,
notamment celle des Haraktas, berbères, arabisés qui dominaient toute
la région de Souk-Ahras au massif des Nememcha jusqu'aux confins de la
Tunisie et répartis entre les trois communes d'Oum-el- Bouaghi,de la
Meskiana et de Sedrata. Très vite, 150 maisons, une église, une
synagogue, des écoles auxquelles il faut ajouter les constructions du
marché arabe et du village nègre qui se trouvaient alors en dehors de
la ville naissante. Les israélites, très nombreux, faisaient presque
tout le commerce surtout avec les Haraktas.
La tribu des Haracta
La tribu des Haraktas proprement dite, dont le territoire touche, au
Nord, à celui des Hanencha et des Guerfa, à l'Est à celui des Oulad-
Yahïa-ben-Thaleb, à l'Ouest aux tribus de l'Oued Zenati, au Sud aux
mon- tagnes de l'Aurès, se divisait en quatre fractions : Oulad-Saïd,
Oulad- Sïouan, Oulad-Kranfeur, les Oulad-Amara. Cette seule tribu,
ayant une population de 28 000 âmes, pouvait mettre à cheval plus de 4
000 hommes. Elle comptait environ 1 500 fantassins. La tribu des
Haraktas, alliée des Turcs qui l'avaient soumise par la force des
armes, vivait uniquement pour la guerre et par la guerre. Avec la paix
française, à partir de 1854, ils commencèrent à s'adonner à la culture
des terres. Ils vendirent une partie de leurs chameaux, propres aux
fuites rapides, et ils achetèrent des bœufs de labour. Sur beaucoup de
points, le gourbi se substitua à la tente, et, sous l'empire de ce
nouvel ordre de choses, la paix et le calme les plus parfaits n'ont
cessé de régner. Les Haraktas devinrent propriétaires d'immeubles à
Aïn Beïda. Ils créèrent des jardins maraîchers et 30 000 hectares de
terrains seront cultivés en céréales.
Au milieu de notre siècle, Aïn Beïda est un gros bourg de 7 650
habitants dont 22 % d'européens, qui compte une importante communauté
de fonctionnaires.
Elle constitue une étape importante sur la route des caravanes des
tribus Soufi transhumantes qui mènent paître leurs troupeaux de
chameaux dans les plaines du nord au printemps, et, à l'automne,
rejoignent leurs palmeraies d'origine au sud vers Biskra.
En 1942-43, après le débarquement allié sur les côtes marocaines et
algériennes et .l'ouverture du front tunisien sur les arrières des
armées germano-italiennes, Aïn Beïda était un des points de passage
des convois de matériels et de troupes alliées auxquelles se
joignirent rapidement les premiers éléments des forces françaises de
l'Armée d'Afrique Aïn Beïda est aussi la ville de garnison du 16 ème
régiment de Dragons de 1955 à 1962.
Importante région productrice de céréales. Aïn Beïda était un pays de
culture céréalière extensive. Culture déjà très mécanisée à cette
époque, mais de rendement très modeste surtout si les pluies avaient
été rares, la ville est surtout réputée pour son marché à bestiaux, le
lundi, 2 ème marché animalier du département de Constantine.
Malgré les rigueurs de son climat,Aïn Beïda jouissait néanmoins d'un
préjugé climatique très favorable. L'air, disait-on, y était pur. Il y
faisait bon vivre. Aïn Beïda était agencé autour d'une place centrale
autour de laquelle étaient disposés l'église, le presbytère, la poste,
la mairie, le marché couvert et la salle des fêtes, faisant fonction
de cinéma le samedi et le dimanche.
Un peu excentrés, le Cours et le Square Willigens où l'on pouvait
trouver des vestiges de l'époque romaine, bordés d'un côté par le
commissariat et le Grand Hôtel d'Orient ou Hôtel Coppolani, de l'autre
par la Librairie Namia, le Café Xicluna où officiait le regretté
Charlot et devant lequel, à la fraîcheur, le vieux Boudjema dressait
son étal de brochettes et de merguez ; un peu plus loin enfin, se
trouvaient le Cercle et la Caserne. Après avoir quitté le village dans
la direction de Tébessa et avoir
passé un bordj témoin de l'implantation du village de colonisation,
apparaissait le cimetière où quelques-uns des nôtres reposent encore,
abandonnés mais non oubliés.
(Alain Audibert)
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Ain Beida, c'était aussi «Marcemini».
Un symbole à lui seul (statue ou autre chose) peut vous racon­ter
l'historique 'une
contrée ou d'une métropole d'une manière au­thentique.
C'est ce qui fait le prestige d'une ville ou d'un village pour le
courage et les sacrifices consentis dans le passé par les ancêtres ou
tout simplement les aînés durant la guerre de Libéra­tion.
Or, Ain Beida, connue pour être la capitale des Harakta, se voit
octroyer pour symbole une jument blanche, tenez-vous bien, sans
cavalier.
Certes, cette même jument blanche a existé, mais durant l'invasion
hilalienne d'où Dieb El Hilali et les contes de la fameuse Djazia mais
qui n'ont rien à voir avec les Harakta.
Ain Beida tire son vrai nom de « Source Blanche » par rapport au dé­
pôt calcaire autour de cette même source que les habitants appelaient
dé­jà El Ain El Beida et qui coule encore de nos jours au lieu dit Ain
Beida Se­ghira,
au nord de la ville actuelle dans la propriété des héritiers Bourahli.
La ville d' Ain Beida ne peut en aucun cas porter le nom de cette ju­
ment blanche légendaire, encore moins de ceux qui l'ont montée pour
tout casser et brûler.
C'est une création française, lit-on dans la Revue africaine ou encore
dans le Senatus consult PV n° 139.
Certes, il y a eu quatre ou cinq bâ­tisses comme la mairie, l'église,
le presbytère, le fort (Bordj) du com­mandant et l'abattoir.
Cependant, il y avait déjà quelques hameaux et bi­coques où se
tenaient les souks hebdomadaires pour toute la région.
On oublie également que le géné­ral Le Galbois et ses troupes ont été
repoussés à trois reprises hors des terri­toires par les Harakta
et venant en aide à Ahmed Bey contre les coloni­sateurs.
L'histoire c'est comme une graine qu'on jette négligemment. Avec le
temps et juste un peu d'eau, elle germe et rejaillit. On ne peut
transformer l'or en cuivre, ou les lions en atèles.
S'agissant toujours de l'historique, il faut signaler à ce titre, que
l'actuelle ville d'Ain Beida a été construite sur les ruines d'une
ville antique ro­maine du nom de Marcimeni pour son point d'eau
certainement.
Et où un temple y était édifié et dédié à Her­cule, selon l'historique
d'Aïn Beïda.
Pour preuve, il existe à ce jour des ga­leries souterraines. Un coup
d'œil à l'intérieur du square public pour découvrir,constater édifices
et autres pièces antiques, à savoir tombeaux en pierre, pièces de
joailliers,vases en pierre, inscriptions latines sur pierres plates,
en plus des pièces éparpillées quelque part en ville.
Notre ville n'est donc pas de créa­tion française, sinon, elle aurait
pu, au moins, prendre une appellation française d'autant plus qu'elle
était la plaque tournante de la région.
Pour revenir aux symboles, on n'a rien trouvé de mieux que de mettre à
l'abri un socle sur lequel il y a un ca­non entouré de trois lions et
le rem­placer par une molaire renversée, la couronne en bas et trois
racines en béton en haut recouvert de marbre et portant les noms des
imams de la vil­le.
C'est bien beau, et nos martyrs alors ? Qu'en a-t-on fait ? N'a-t-on
pas fait de révolution ?
Et que devien­nent alors les Zinai Hadj Belgacem, membre fondateur du
PPA et collaborateur d'Ibn Badis, modéré et imam, ennemi redoutable
des Français, me­neur des grandes manifestations anti-colonialistes,
condamné à vingt ans de prison en 1956 par le tribunal de Constantine.
Ses menottes aux poi­gnets, il avait ri à la lecture du verdict en
adressant ces propos au juge :« Vous pensez rester encore vingt ans
ici ? » .
Nous avions d'autres lions comme Saidi Djemoui, le tigre de Pa­lestro,
Laribi Kaddour (oncle maternel de Nadir Kabouche),
Benzaoui Harkati, Meziani Abdderrahmane, Loucif Mebarka (Titouma),
Zaidi Mohamed, Hafsi Mabrouk, Mahtali, qui a fait exploser le premier
pétrolier français au port de Marseille, Hihi El Mekki, Kanouni Tayeb,
Hamdi Ali, Abassi Mebarek, Amara Mostefa, Ilihem Boudjemaa, Agabi
Guerra, Zerad Mohamed-Dechra et la liste est trop longue pour ne citer
que ceux-là.
On aurait aimé une statue d'un héros en arme symbolisant la guerre de
Libéra­tion à la place du jet d'eau juste à cô­té et entouré celui-là
d'eiders aux têtes... baissées. Au fait, l'horloge qui le surplombe
n'y est plus, celle de la jument aussi, pourtant elles existent.
Nous ne faisons que rendre à ses fils ce qui appartient à Harkat, le
père des gâtés qui deviennent des ratés par l'oubli et la démission
totale.
Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord
Des cloches d'Algérie renaissent en Périgord
par Georges BONNEAU et Claude WAGNER


Dans son clocher tout neuf l'église de Chamiers vient de recevoir trois cloches provenant de l'église d'Aïn-Beida en français la source blanche. Cette petite ville, à une centaine de kilomètres de Constantine est située sur les hauts plateaux d'Algérie, vers la frontière tunisienne. M. J.M. Willigens (2), né en 1931 à Aïn-Beïda d'une famille très ancienne installée sur placé nous décrit ainsi le climat de cette région :


" A une altitude de 1 000 mètres environ, les températures sont excessives : plus de 45° l'été, et le manque d'eau calamiteux, avec des moyennes inférieures à 500 mm par an. L'hiver: -5° et même -10°. La neige est la bienvenue. Elle alimente les sources et protège les semailles.
La ligne de relief est quasi horizontale. On ne trouve aucun couvert forestier, et aucune verdure de mai aux premières pluies d'octobre.
Pourtant, pendant l'occupation romaine ( -100 à + 400 après J - C.), la région était complantée d'oliviers. Une population dense à cette époque a laissé de nombreux vestiges: colonnes, sarcophages, tuiles et briques, moulins à huiles.
Les photos aériennes montrent un piquetage régulier, en quinconce, de ce paysage plat. Il s'agit des traces des trolls faits de main d'homme crevaient une croûte calcaire presque continue, et permettaient aux racines d'atteindre le sol profond sous-jacent, fertile et plus humide. La culture des céréales, avec exportation sur Rome est aussi bien attestée par les textes anciens.
Par la suite ni l'invasion vandale de 410 à 530. ni l'occupation byzantine pendant 130 années. ni même la première vague de l'invasion arabe (647) ne modifieront ce type d'agriculture sédentaire de la population romamo-berbère, restée jusque là prospère. En revanche au XI° siècle, la deuxième vague d'envahisseurs arabes était composée de tribus chamelières. pillardes et destructrices dont le calife d'Egypte se débarrassa, en les lançant sur le Maghreb.
Passant par les steppes du sud, elles ruinèrent définitivement cette région prolifique. Le type de civilisation fut modifié en profondeur, les paysans sédentaires céderont, la place aux pasteurs transhumants.
La couverture végétale disparut en un siècle, accélérant l'érosion. Cette évolution du sol, comme au pourtour sud et est de la Méditerranée est irréversible. Puis ce pays fut pressuré pendant trois siècles par les beys turcs.
A partir de 1830, la mise en valeur par les Français de ces terres arides, seulement parcourues par des troupeaux de moutons et de chameaux selon un rythme saisonnier, fut tardive et difficile.
Mais au XX siècle des exploitations s'étaient créées et consolidées. Les cultures céréalières étaient insuffisamment rentables, avec un rendement de 11 quintaux à l'hectare, et des semailles une année sur deux, pour économiser l'eau (dry-farming). Il fallait y joindre l'élevage des bovins et ovins sur la partie en jachère dans l'année sans culture, d'où la nécessité de surfaces étendues (200 hectares).
Aïn-Beïda est resté vers 1950 une étape importante sur la route des caravanes des tribus Soufï transhumantes qui menaient paître leurs troupeaux dans les plaines du nord en fin de printemps. Le bétail broutait les chaumes moissonnés pendant l'été et aux pluies d'automne, les nomades redescendaient vers leurs palmeraies d'origine au sud, vers Biskra" (J.-M. Willigens).

Aïn-beïda était ainsi un important marché de viande sur pied, un lieu d'échange entre sédentaires du nord et nomades du sud. C'est un village dont les rues tirées au cordeau se coupent à angle droit et séparent des blocs de maison, en rez-de-chaussée pour la plupart d'entre elles, de 50 à 60 m de côté, avec une place centrale : carré parfait autour duquel se groupent l'église, Ie presbytère, la mairie, la poste et, un peu à l'écart le marché couvert, typique de l'architecture métallique en fin XIXe et enfin la salle des fêtes."
A part la rectitude des rues, rien dans sa conception ne différenciait ce village d'un autre de même importance en Europe." On y trouvait deux hôpitaux régionaux et, après 1956, un collège mixte de cinq cents élèves. Trois communautés composaient la population en 1948.
Musulmane surtout, avec 26 000 membres environ de la tribu des Haraktas, la colonie juive, très importante (6 000), enfin les chrétiens (4 000) les moins nombreux et comprenant surtout des fonctionnaires, des commerçants et des propriétaires terriens.
Les habitants de souche européenne occupaient tous les postes qui demandaient une qualification, technique: administration, santé, éducation, armée, la réparation du matériel agricole. Jusqu'en 1950, la gare était aussi active, avec plusieurs familles de cheminots."
Aïn-Beïda, comme le reste de l'Algérie, s'est vidée de sa population européenne en juin et juillet 1962, mais certains ne purent se résoudre à quitter le pays.
Le père Roger de Sulauze fut de ceux-là. Il descend d'un soldat venu en Algérie en 1830. La famille maternelle y arriva en 1860. Ils ont créé en 1905 une grande ferme près du port de Djidjelli. Ces pionniers avaient construit un barrage sur un oued qui coulait toute l'année. A partir de là un système de canaux irriguait vergers et terrains maraîchers. Des membres de cette famille, en visite sur les lieux en 1972 trouvèrent la ferme à l'abandon, l'irrigation tarie, les vignes arrachées, les vergers saccagés.
Le père de Sulauze, né à Djidjelli est resté dans le Constantinois jusqu'en juin 1964. Il y passa des périodes pénibles, recevant pierres et crachats, et invectivé jusque dans son église. Après 1'indépendance (juillet 1962) son diocèse couvrait 13 500 km2 englobant le Kroub, Aïn Beïda, Aïn M'lila, Oued Zenati, Kenchela... Dans cette zone il n'existait , plus que 190 chrétiens vers la fin de 1963, un tiers devait partir avant Noël et le reste projetait de s'en aller sauf une dizaine d'irréductibles.
Dans un tissu économique en pleine décomposition, le départ de, ses ouailles détermina le père de Sulauze à rejoindre la France, lui aussi. Mais avant de quitter l'Algérie, il s'efforça d'envoyer en lieu sûr les objets de culte, sur la demande de Mgr Pinier, alors évêque à Constantine. Avec l'aide du Secours catholique plusieurs églises de l'ouest du département purent sauver leur mobilier sacré.
Le père de Sulauze fut très actif sur son diocèse, à l'est il réussit à expédier en France trois grands cadres.Le plus jeune des cinq fils de M. Roland, entrepreneur de BTP resté en activité à Constantine, connaissait le père de Sulauze depuis son adolescence. L'entreprise prêta son matériel et son personnel. Elle prit à sa charge le démontage des cinq cloches du carillon de la cathédrale (la plus lourde pesait 2,8 tonnes) et le convoyage jusqu'au port de Philippeville et même l'acheminement par mer.
Par la suite, (1966) ces cloches reprirent vie dans l'abbatiale de Cunault, entre Saumur et Angers, en présence dl: Mgr Pinier, ex- évêque: de Constantine.
La descente des cloches de Kroub faillit mal se terminer. Le père de Sulauze était insulté et agressé par les Arabes amassés en foule autour de l'église. Il les écarta au moment du chargement, en précipitant sur eux un essaim d'abeilles providentiellement réfugié dans un récipient derrière l'horloge.Le regroupement des cloches d'Aïn-Beïda lui donna moins de mal. Il eut le temps de bourrer la place disponible, autour des cloches, dans leurs cadres, avec des vêtements liturgiques, des vases sacrés, des harmoniums et même des appareils de Chauffage par rayonnement au gaz. Ces dernières cloches furent acheminées par mer jusqu'à Bordeaux, puis par train jusqu'à Périgueux. Le père avait choisi celte destination pour y rejoindre le père Pincos alors en charge de Trélissac et Bassillac, qu'il avait bien connu dans le Constantinois. En effet le père de Sulauze demeura deux années parmi nous, collaborant avec son ami. Puis il exerça son ministère, deux années encore à Javerlhac, où les fidèles apprécient l'hiver l'efficacité des radiateurs ramenés d'Ain Beida Ensuite il fut nommé aumônier militaire dans plusieurs bases aériennes Les cloches mises en place à Chamiers sont donc venues du Constantinois grâce à l'initiative et l'opiniâtreté du père de Sulauze mais d'autres furent ramenées par l'armée : telles les deux cloches de Médéa, rapportées dans ses bagages par Ie 5" régiment de chasseurs d'Afrique de Périgueux commandé alors par Ie colonel Henri de Quatrebarbes. L'une est en service dans le clocheton de la chapelle de la caserne Daumesnil à Saint-Georges (Périgueux), 1'autre à l'abbaye de Chancelede. La Légion étrangère, de son côté, à fait passer la mer à plus de soixante cloches, au début entreposées à la base,aérienne de Nîmes. Enfin certains particuliers ramenèrent la cloche de leur village dans leurs bagages personnels, tel M. Sirjean, du village de Pelissier proche de Mostaganem. qui confia cette cloche à la nouvelle église de Juvignac près de Montpellier, en 1975.
Sur la demande du cardinal Duval, d'Alger, le Secours catholique a beaucoup oeuvré pour sauver Ies cloches d'AIgérie. Environ quatre cents furent démontées, dont deux cent quarante stockées d'abord aux abords de Paris. Le gouvernement français ne s'est jamais soucié du devenir de ces objets de culte. Il paraît considérer que, comme les églises bâties avant 1901, tout le patrimoine religieux, meuble ou immeuble, est acquis à la République algérienne. La plupart des cloches, à leur arrivée en France, n'ont pas été recensées par un organisme officiel. Beaucoup ont leurs inscriptions (date de baptême, nom de l'évêque officiant ce jour là, nom des parrains) martelées, effacées et meulées dès leur arrivée.
Un département spécial du Secours Catholique attribue les cloches disponibles aux paroisses qui en manquent. Ainsi quarante cloches d'Algérie ont-elles été affectées à Madagascar.
Beaucoup d'autres, plus ou moins volontairement oubliées dans les entrepôts ou des garages, attendent qu'on les tire de leur sommeil. C'est ce qui vient d'arriver au trio des cloches d'Aïn-Beïda ; quand la municipalité décida de compléter l'église moderne de Chamiers, bâtie en 1965, par un portique porte-cloches, de facture originale, selon les plans de l'architecte de l'église Pinsard On redécouvrit l'existence de ces cloches chez Gourbat l'entrepreneur de Chamiers. Le premier à identifier les cloches fut le Dr Audibert, originaire de Bône et membre de notre Compagnie. L'amicale des Pieds Noirs de Dordogne se prit de passion pour cette affaire. Grâce aux Cercles algérianistes on retrouva l'adresse des parrains en France et par-là l'histoire des cloches. Le clergé, la municipalité de Coulounieix-Chamiers et son maire M. Michel Dasseux, ont conjugué leurs efforts pour donner à cérémonie d'adoptions des cloches qui eut lieu le dimanche 23 juin 1996 un éclat certain.
Les associations de Rapatriés du Périgord, le Cercle Algérianiste de Bordeaux et celui de Carcassonne -dont un des membres assista à l'âge de huit ans, baptême de ces cloches à Aïn-Beïda -ainsi que les anciens d'Aïn-Beïda se sont joints aux habitants de Chamiers pour faire de cette inauguration une réunion pleine d'émotion et de fraternité.
G.B. et C.W.
1. Avec la collaboration de Georges Bocquel.
2. Descendant d'un parrain d'une des cloches
Historique des trois cloches
La Petite
JE CHANTE LA GLOIRE DE DIEU
Je me nomme Jean-Pierre Marie Claude.
J'ai pour parrain Jean-Pierre Vincent
J'ai pour marraine Marie-Claude Vincent
J'ai été baptisée par S.Exc Monseigneur Thienard
Evêque de Constantine, en octobre 1933
Pierre Willigens, maire-Abbé Rigal, curé
La MOYENNE
JE CHANTE LE SALUT DES AMES
Je me nomme Jean-Marie Suzanne Victorine
J'ai pour parrain Jean-Marie Willigens
J'ai pour marraine Suzanne Victorine Zedda
J'ai été baptisée par S.Exc Monseigneur Thienard
Evêque de Constantine, en octobre 1933
Pierre Willigens, maire-Abbé Rigal, curé
La GRANDE
VENITE EXULTEMUS DOMINO
JUBELIMUS DEO SALUTARI NOSTRO
Je me nomme Marie Victorine
J'ai pour parrain Eugène l'Héritier
J'ai pour marraine Victorine Murienne
J'ai été baptisée par S.Exc Monseigneur Thienard
Evêque de Constantine, en octobre 1933
Pierre Willigens, maire-Abbé Rigal, curé
1. Avec la collaboration de Georges Bocquel, descendant d'un parrain d'une des cloches
Collectif des Guelmois site Internet GUELMA-FRANCE
Sur le clocher de l'église Notre-Dame de Chamiers
L’histoire de l’église Notre-Dame de l’Immaculée Conception de Chamiers, construite en 1965, serait à raconter, ne serait-ce que pour son architecture résolument contemporaine. Mais dans l’immédiat, intéressons-nous à celle des trois cloches et de son clocher.
Le clocher de Chamiers
Pendant une trentaine d’années, l’église ne disposait pour tout signe religieux que d’une maigre croix placée à l’extrémité d’un fût en acier galvanisé. Quant au son des cloches, il provenait d’une cassette diffusée par des hauts-parleurs extérieurs, répétant la même sonorité quelle que soit la cérémonie.
En 1995, la municipalité décide d’édifier un vrai clocher pour accueillir un an plus tard les trois cloches qui vont l’orner et qui ont fait un sacré voyage.
L’église d'Aïn Beïda
L’histoire débute en Algérie en 1933 à Aïn Beïda (en français, la source blanche), petite ville à une centaine de kilomètres de Constantine, sur les hauts plateaux vers la frontière Tunisienne.
En octobre de cette même année, les trois cloches de l’église de ce gros bourg de 7650 habitants, sont baptisées par Monseigneur Thiénard, alors évêque de Constantine, l’abbé Rigal, curé d’Aïn Beïda et le maire de la commune Pierre Willigens.
La plus grosse cloche et la plus ancienne (1867) pèse 450 kg et se nomme Marie-Victorine. La moyenne (200 kg), s’appelle Jean-Marie-Suzanne-Victorine. La plus petite (120 kg) portera les prénoms Jean-Pierre-Marie-Claude.
En 1962, lors de l’indépendance de l’Algérie, le père Pincos, qui exerçait dans la région de Constantine avec le père De Sulauze, retourne en France pour être nommé curé à Trélissac. Il informe le père De Sulauze qu’une église doit être édifiée à Coulounieix-Chamiers.
30 ans d'attente
Celui-ci prend alors l’initiative de faire démonter les cloches de plusieurs paroisses, dont les trois d’Aïn Beïda, afin de les rapatrier en France. Ce qui fut fait en 1964.
Entreposées chez un entrepreneur du bâtiment, elles vont sommeiller jusqu’au 23 juin 1996, date à laquelle leur installation sur le clocher tout neuf de l’église de Chamiers est organisée lors d’une journée festiv

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